Bonjour Sonia, 

Je vous écris aujourd’hui car je me pose beaucoup de questions sur moi, mon plaisir et ma libido. En fait, je suis en couple depuis 2 ans maintenant et j’ai beaucoup appris aussi avec mon ami car il a plus d’expériences. Alors, j’ai enfin eu des orgasmes car avant, avec les autres, je n’éprouvais pas de vraies sensations d’orgasmes, qu’un peu de plaisir. Et encore pas toujours. Alors je suis déjà très contente. 

Mais je crois que je ne suis pas tout à fait normale. 

Alors, oui, j’ai lu des articles sur le clitoris et j’ai compris que c’était comme ça qu’on pouvait jouir surtout. Et c’est surtout avec un cunnilingus, ou avec ses doigts qu’il me fait jouir. Mais quand même, je ne ressens rien de vraiment agréable quand mon ami me pénètre. Enfin, si, juste au tout début, là c’est parfois fort. Mais pas toujours. J’aimerais tellement que ça nous emmène ensemble à l’orgasme. 

Au fait, j’ai 27 ans. 

Réponse

Le vagin est peu innervé. C’est un fait. A part le 1/5eme inférieur, c’est à dire, grosso-modo, l’entrée! (d’où nos sensations plus marquées des au début). Donc la pénétration complète n’est que peu agréable, ressentie, car les sensations qu’elle produit n’ont pas vocation à l’être. Ne peuvent pas l’être! Physiquement parlant en tout cas. Parfois même, lorsque nous ne sommes pas suffisamment excitées, ou prête à la recevoir, elle peut être douloureuse. C’est aussi le cas lors de différentes difficultés (vaginisme, contractions, endométriose…).

Le vagin n’est pas un « trou ». Il est constitué de telle façon que ses ‘parois’, habituellement positionnées l’une contre l’autre, s’ouvrent lors de la montée du désir, et ensuite s’adaptent à l’objet introduit. D’où l’importance de ce que l’on appelle encore (à tort?) les préliminaires. 

Il est, à mon sens, essentiel pour la femme d’entrer dans un désir permettant au sang d’abonder dans son clitoris et l’ouverture et l’humification de son vagin afin que toutes les pratiques que le couple va expérimenter puissent être agréables et sources potentielles de plaisir. Et d’encore plus de désir. (Et d’un goût de reviens-y?)

Et ce temps de montée de désir féminin est souvent plus ‘long’ que pour les hommes. Pas toujours, mais très souvent. Et c’est physiologiquement ‘normal’. (Voir les courbes de Master et Johnson). Donc, oui, il semble bien ‘normal’ que la pénétration classique, faite de va-et-vient, ne soit pas l’acte préféré du plaisir féminin. Ni celui avec lequel l’orgasme arrive. 

Vous allez me dire : mais alors comment certaines femmes peuvent jouir avec la pénétration?

La pénétration est un symbole fort. Et comme tous les symboles, chargé de signification, de croyances, de fantasmes. Se sentir emplie, remplie, sentir le désir de son partenaire, sentir son plaisir, son orgasme, parfois même un peu de douleur, possédée, objectivée, souillée parfois même… peut amener un plaisir émotionnel, psychique, fantasmatique qui sublime le plaisir physique et amène à l’orgasme. 

Alors, il peut être agréable de coupler la pénétration avec une masturbation au niveau du gland du clitoris. Ou s’installer dans des positions qui permettent les frottements des pubis. Ainsi, le clitoris dans son ensemble pourra être stimulé et conduire à un orgasme, que beaucoup de femmes disent ressentir «  plus à l’intérieur ».

Pour terminer, je dirais que pour s’essayer à atteindre un orgasme plus simultané, ou qui s’en rapproche, la connaissance de soi, et de l’autre, une puissante communication verbale et non-verbale, ainsi que des expérimentations peuvent y conduire. Quand bien même, dans la sexualité, comme dans bien d’autres domaines, n’est-ce pas le chemin qui est le plus agréable?